La consommation de café réduit le risque de survenue du cancer du foie

Hu G et al. Hepatology 2008 ;48 :129-136.
Pr Vlad Ratziu

Plusieurs études ont montré que la consommation de café est inversement associée au risque de carcinome hépatocellulaire (CHC) mais ces études provenaient de pays à forte prévalence d´hépatites virales (et le statut sérologique n´était pas toujours connu) comme la Grèce ou l´Italie ou de pays à très faible consommation de café (et ne permettant donc pas d´établir un réel effet dose) comme le Japon. La présente étude a été réalisée en Finlande, un pays à très faible prévalence d´hépatite virale B ou C et à très forte consommation de café.
Une cohorte de 60 323 participants de 25 à 74 ans ont été suivis, en médiane 19 ans. La consommation de café a été recueillie au début de la période d´observation. La médiane pour la population entière était de 5 tasses de café par jour ! Le risque relatif de survenue d´un cancer du foie (CHC ou autres tumeurs malignes plus rares) diminuait significativement avec la quantité de café ingérée : réduction de 34% pour 2-3 tasses par jour et de 67% pour 8 tasses /j ou plus. Cette association était indépendante du BMI, de la consommation d´alcool, de l´âge du sexe, de la consommation de tabac. Détail très important, elle était également indépendante du taux de GGT. Le taux de GGT était un facteur associé au risque de survenue du cancer du foie : augmentation par 3 du risque entre le quartile supérieur et le quartile inférieur. Il n´y avait pas d´interaction entre ces deux facteurs de risque pour la survenue d´un cancer du foie puisque le risque ajusté était le même que le risque non ajusté. Mais l´association des deux conférait un risque clairement synergique. Les sujets ayant des GGT élevées et consommant pas ou peu de café avaient un risque 9 fois supérieur à celui des sujets à GGT normale et consommant au moins 6 tasses par jour.
Les mécanismes biologiques sous-tendant la relation consommation de café et carcinogenèse hépatique sont inconnus. Un éditorial associé insiste néanmoins sur le fait qu´au-delà de l´association épidémiologique, très intéressante, il y a probablement peu de pertinence clinique en termes de prévention ; en effet, le poids des autres facteurs de risque établis (alcool, VHC, VHB) est tel que leur contrôle permettrait d´éviter 90% des CHC connus !